Buire / Hirson : 235 000 € par le Loto du patrimoine pour transformer La Florentine en un hébergement insolite
Publié : 19 décembre 2023 à 13h26 par La rédaction
« C’est un peu noël avant l’heure », tels sont les premiers mots de Jean-Jacques Thomas, le maire d’Hirson et président du Pays des 3 Rivières, qui depuis plus de 20 ans, tente de trouver des financements pour sauvegarder ce patrimoine remarquable, « beffroi de la culture cheminote » s’élevant à plus de 45m du sol et symbole du riche passé ferroviaire d’Hirson-Buire.
Cette tour d’aiguillage de Buire, similaire à celle d’Aulnoye-Aymeries, a la forme d’un beffroi, en briques et béton armé. Construite entre 1920 et 1921, c’est un élément emblématique de l’ancien site industriel ferroviaire de la Rotonde. Le projet retenu dès 2016 par la Communauté de communes du Pays des Trois Rivières vise à la fois à garantir sa conservation, mais également à y proposer un hébergement touristique atypique : elle pourra accueillir une famille ou un groupe d’amis pour une nuit, un week-end ou une semaine, dans un endroit pittoresque et emblématique, avec un salon offrant une vue unique sur Hirson et la Rotonde.
Ce projet vise aussi à promouvoir le territoire et les savoir-faire ainsi que la conservation de l’empreinte cheminote qui a fortement marqué le paysage et les hommes de ce territoire. L’intercommunalité mise sur ce concept « décalé » pour attirer une clientèle avide d’expériences insolites. La réhabilitation de ce site a été estimée à 2,4 millions d’euros.
A travers ce soutien financier accordé par la Mission du patrimoine de Stéphane Bern, aux yeux de Jean-Jacques Thomas, « c’est surtout la consécration d’un travail mené depuis 1982 avec Marcel Bouleau et la reconnaissance du bien-fondé du projet en même temps que la prise en compte du patrimoine industriel en qualité de monument historique à part entière ».
L’ histoire de la Florentine
Au début du XXe siècle, la cité cheminote de Buire s’est développée à l’entrée d’Hirson, autour du plus grand centre de triage ferroviaire de France en-dehors de Paris. A cette époque, l’axe le plus fréquenté est la ligne Lille-Charleville-Strasbourg, en raison du transport du minerai de fer, du charbon et des productions de ces grandes régions industrielles.
La commune va alors se développer autour de cette gare de triage, dont subsistent la rotonde et la tour d’aiguillage. Ce beffroi cheminot fut à l’origine un poste d’aiguillage, dont l’édification fut décidée pour permettre le développement du dépôt de locomotives de la gare d’Hirson...
Construit en béton armé entre 1920 et 1921, l'ouvrage est attribué à Gustave Umbdenstock, architecte de la Compagnie des chemins de fer du Nord, à qui l'on doit la tour florentine de Lille détruite en 1985. Il s’inspire des beffrois du Nord et de l’architecture toscane, tout en intégrant un décor « Art déco » en briques et céramiques, pour rendre esthétique l’architecture utilitaire.
Après la fermeture du triage de Buire en 1932, les bombardements de 1944 vont sérieusement détériorer cette tour, qui ne sera jamais remise en état. Elle est désaffectée depuis. Les intempéries et les différentes conséquences liées à l’humidité aggravent les désordres constatés. La tour est aujourd'hui dans un état sanitaire très inquiétant et de nombreux éléments ont disparu, tels que les meneaux et traverses de plusieurs fenêtres, les cadrans des horloges et le mobilier technique. L’accès du public à la tour est aujourd'hui interdit car jugé trop dangereux et un périmètre de sécurité pour en empêcher l'accès a d’ailleurs été installé à son pied.
Les travaux de restauration concernent la mise hors d’eau et hors d’air de l’édifice (maçonnerie, béton armé et céramique, menuiseries extérieures, ferronnerie et peinture), la restitution des quatre horloges disparues du sommet de la tour, puis l'aménagement intérieur qui permettra la transformation de l'édifice en gîte touristique insolite.
La Florentine est classée monument historique depuis 1995. Cette année, elle a été sélectionnée par la Mission patrimoine de Stéphane Bern comme étant le projet de maillage du département de l'Aisne. Les travaux devraient bientôt démarrer, pour une livraison espérée au printemps 2025.
Par Paul Schuler / Photo : Baptiste Rutko pour la Fondation du patrimoine