Fourmies : un appel à mécénat pour la création d’un espace permanent consacré au constructeur automobile Paul Génestin
Publié : 13 mars 2024 à 16h54 par Paul Schuler
Ce nouvel espace sera installé sous une douzaine de mois au cœur du musée du Textile et de la vie sociale à Fourmies, antenne de l’écomusée de l’avesnois, avec une préfiguration dès septembre 2024, lors des journées européennes du patrimoine. Les responsables souhaitent ainsi valoriser de façon pérenne l’héritage de Paul Génestin et de sa marque, qui a connu une certaine renommée dans les années 1920, avant de disparaitre suite à la crise économique de 1929.
Pour créer cet espace, l'écomusée va poursuivre jusqu'à l'été sa collecte de témoignages, de documents ou d’archives afin d’enrichir le contenu de la future exposition permanente et pour mieux comprendre l’histoire de ce constructeur automobile atypique ! Photographies, souvenirs, articles de presse, lien affectif, anecdotes personnelles ou rappels de moments emblématique, chacun peut contribuer à cet appel. N'hésitez pas à vous rapprocher de l'écomusée à Fourmies !
Cette collecte s’adresse à ceux qui souhaitent faire vivre la mémoire de Paul Génestin. L'écomusée fait aussi appel au soutien des habitants, des entreprises locales ou des passionnés d'automobile, à travers un appel à mécénat et aux dons.
Pour en savoir plus, cliquez ici : ecomusee-avesnois.fr
>>> Laurent Nachbauer, le directeur adjoint de l’écomusée de l’Avesnois, nous en dit plus :
Dans le cadre des festivités autour du bicentenaire de la verrerie Parant, devenue aujourd’hui atelier-musée du verre, une collecte de témoignages a lieu actuellement pour préparer un vidéo mapping « Éclat(s) de vies » qui sera projeté le 11 mai sur les murs de l’ancienne verrerie.
>>> Laurent Nachbauer, le directeur adjoint de l’écomusée de l’Avesnois, nous en dit plus :
QUI EST PAUL GÉNESTIN ?
Né à Fourmies en 1881, Paul Génestin est issu d’une famille de marchands de meubles. Attiré par la mécanique, dès ses 18 ans, Paul va présenter des inventions, dignes du concours Lépine, comme le frein à double action, une roue élastique ou la 1ère boîte de vitesse hydraulique...
Après avoir travaillé un temps dans un garage où s'amoncellent les voitures des surplus militaires, il se laisse entraîner dans la ruée vers l'or de la construction automobile. Ses voitures sont au début sans grande originalité, mis à part un servo-frein fort bien imaginé, de sa propre conception, mais elles sont nerveuses, robustes et belles ! Ce sont des automobiles de qualité, comme seuls savent en réaliser, en petit nombre, des artisans soucieux du travail bien fait !
Ses voitures connaissent rapidement le succès et conquièrent une clientèle fidèle, surtout locale, dans le nord de la France et en Belgique, où les routes pavées, alors en très mauvais état et très cassantes, leur valent une réputation méritée de solidité, confirmée par des victoires dans des courses régionales, considérées comme particulièrement dures et éprouvantes pour les mécaniques (le Circuit des Routes Pavées ou en Belgique le Grand Prix des Frontières à Chimay).
Paul Génestin se laisse prendre par une certaine euphorie liée à cette gloire naissante et à la relative aisance d'une vie facile. Il rencontre M. Poyaud, qui fabrique près de Saint-Etienne d'excellents moteurs au rendement assez remarquable pour l'époque : les C.I.M.E. Il monte désormais des mécaniques C.I.M.E. et se lance avec une détermination accrue dans la compétition automobile. Malheureusement, son gendre se tue, sur la route Charleville, au volant d'une de ses voitures et l'on ne reverra plus jamais une Génestin dans une épreuve automobile…
Puis arrive la dépression économique en 1929. Les « Génestin », par leur construction artisanale à l'unité et par la qualité de leur fabrication, sont trop chères. Elles ne peuvent plus lutter contre les voitures de grande série, en particulier contre les Citroën. Paul Génestin est bientôt ruiné, obligé de fermer son usine puis part au Maroc, comme mécanicien dans un atelier de réparation de camions d'une entreprise de transports à Casablanca. En 1934, il se blesse en remontant un moteur, un incident presque banal pour un mécanicien, mais qui tourne cette fois-ci au drame avec sa mort, vaincu par une septicémie, à l'âge de 53 ans.
A ce jour, seules 7 Génestin circulent encore dans le monde, dont 3 à Fourmies...
LA MOUTONNIÈRE GÉNESTIN (1927) DE L'ÉCOMUSÉE DE L'AVESNOIS
C’est en 1996 que l'écomusée a acquis dans le Cantal, par souscription, une camionnette Génestin de 1927, en très mauvais état, qui servait à transporter des moutons. Après plusieurs années de recherche de financement, en 2009, deux passionnés de Génestin, Daniel Lagneau et Michel Danis, décident de faire accélérer sa remise en état. Ils ont apporté toute leur documentation technique pour rénover à l’identique cette moutonnière abimée par le temps.
Avec l’aide du garage Hannecart à Sains-du-Nord et des salariés du service technique de l’écomusée de l’avesnois, deux autres bénévoles, Daniel Michaux et Roland Letoret, ont entrepris une remarquable restauration de ce véhicule unique au monde ! Alors que le premier s’attaquait à la mécanique et à la tôlerie, le second bénévole, menuisier à la retraite, a rénové toute la boissellerie et la sellerie. Le garage Hannecart a fini le travail par la tôlerie et la peinture.
Après plus de 1200 heures de travail, à tout démonter, pièce par pièce, pour les restaurer ou les changer et les remonter, le résultat est aujourd’hui impressionnant : la moutonnière Génestin est comme neuve ! Elle roule à nouveau jusqu'à 70 km/h et sera à découvrir dans le nouvel espace Génestin qui lui sera consacré au musée du textile et de la vie sociale à Fourmies.
Par Paul Schuler / Photos : P. Schuler / Daniel Michaux et Roland Letoret / écomusée de l'Avesnois